jeudi 27 février 2014

Lamaghjosu: les chercheurs reconstituent la catastrophe naturelle

Dans la nuit du 9 au 10 février, une avalanche a entraîné un glissement de terrain provoquant la constitution d’un barrage de 30 000 m3, soit 30 000 000 de litres. En cédant, la vague a emporté le pont
Après l'avalanche qui a entraîné un glissement de terrain en amont du pont du Lamaghjosu, une équipe pluridisciplinaire de chercheurs, dirigée par Antoine Orsini, maître de conférence en hydrobiologie à l'université de Corse, a été nommée pour étudier le phénomène et apporter les explications concernant cette catastrophe naturelle.
Tout d'abord, les chercheurs ont travaillé sur le contexte météorologique. Ils ont constaté que dans le courant de la nuit du dimanche 9 au lundi 10 février, de fortes précipitations se sont produites sur le secteur.
Par ailleurs, ces pluies ont été accompagnées d'un important redoux. En dessous de 2 000 m, ces pluies se sont infiltrées profondément dans le manteau neigeux, l'imprégnant parfois jusqu'à la base. Or, il faut savoir que les jours précédents il était tombé entre 30 et 50 cm de neige, voire même 70 cm en versant ouest. En raison de ce redoux, le risque avalanche était marqué et de niveau 3, sur une échelle de 5. Une avalanche spontanée de neige fraîche se produit alors durant les précipitations, « ou très peu de temps après celles-ci », affirme Antoine Orsini. C'est cette avalanche qui a entraîné un glissement de terrain et ce mélange de neige et de matériaux a formé un barrage de 6, 30 m de haut dans le lit de la Restonica, en amont du pont du Lamaghjosu. La morphologie de la vallée glaciaire« vallée en auge ou en U, permet la formation d'un plan d'une largeur d'environ 60 mètres et d'une longueur de plus de 80 mètres. Tandis que le volume d'eau stocké par ce barrage est compris entre 20 000 et 30 000 m3. C'est énorme pour la Restonica », poursuit Antoine Orsini.
35 000 litres par minute
Le lundi 10 février, le débit de la Restonica au Lamaghjosu, estimé à partir des données enregistrées par le limnigraphe installé au pont de Riviseccu, est de 5,4 m3/s. Et le barrage naturel se remplit alors entre 60 et 90 minutes. Sous la pression, le barrage cède et une énorme vague dévale la vallée. Elle est enregistrée par le limnigraphe sur le coup de 13 h 13, exactement. A ce moment précis, le débit passe à 35 m3/s soit, 35 000 litres par minute, tandis que la vague est mesurée à 218 cm. Il faut savoir que la veille, le débit moyen de la rivière était de 3,58 m3/s.
D'ailleurs, des employés municipaux qui se trouvaient à la hauteur de la prise d'eau, à Tuani, ont effectivement vu cette vague de boue. Certes, cette dernière n'a pas submergé le pont, mais au moment où le barrage a lâché, une sorte de lame s'est formée contre un rocher et en plongeant s'est abattue sur le pont entraînant sa destruction. Par ailleurs, les chercheurs s'interrogent également sur le fait qu'une possible secousse sismique aurait pu déclencher l'avalanche.
Outre les conséquences économiques avec l'engagement de travaux de réfection du pont et de la route, cette catastrophe naturelle a également des conséquences écologiques.
En effet, truites et ombles de fontaine ont été entraînés bien plus bas dans la vallée « tandis que les invertébrés aquatiques endémiques ont été emportés. Il sera nécessaire de surveiller dans les jours qui viennent leur reconstitution ». Enfin, cette situation aurait pu avoir des conséquences graves sur les installations d'eau potable de la ville.

http://www.corsematin.com/article/corte/lamaghjosu-les-chercheurs-reconstituent-la-catastrophe-naturelle.1292574.html

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